Que boire avec les vins du Mas Jullien ?
La cuvée Autours de Jonquières du Mas Jullien est issu d’un assemblage complexe, typiquement composé de syrah, mourvèdre et carignan, avec parfois une touche de cinsault ou de grenache noir selon les parcelles et les millésimes. Ce vin ne cherche pas la démonstration de puissance ; il séduit par sa profondeur, ses tanins fins, sa fraîcheur minérale (héritée des sols de calcaires jurassiques et de marnes), et une aromatique savoureuse et nuancée. On y retrouve des notes de fruits noirs mûrs (mûre, prune), de garrigue, de cuir fin, de poivre et de tapenade, ainsi qu’une signature mentholée ou florale qui reflète l’altitude et la diversité géologique des terroirs.
Cette complexité appelle une cuisine méditerranéenne raffinée, où la richesse des saveurs reste contenue par la précision des cuissons et des assaisonnements. Ainsi, un carré d’agneau en croûte d’herbes, un magret de canard rôti au poivre timut, ou encore un gigot d’agneau confit au romarin sont autant de mets qui magnifient la structure et l’intensité du vin. Les plats traditionnels du sud de la France, comme une daube de bœuf à la gardianne, un tajine aux pruneaux et aux épices douces, ou un civet de sanglier aux olives noires, permettent également au vin de déployer ses notes les plus chaudes et méditerranéennes.
Cette cuvée du Mas Jullien s’accorde aussi très bien avec des plats à base de légumes d’été rôtis ou grillés (aubergines, poivrons, tomates confites), relevés d’huile d’olive, de thym, ou de tapenade. Il offre aussi une belle tenue sur des fromages affinés à pâte dure, comme le Salers, le Laguiole, ou encore un vieux Cantal, qui révèlent la tension tannique et la droiture du vin.
Pour les millésimes récents, une aération prolongée (décantage ou carafage) est recommandée afin de libérer tout le potentiel aromatique et d’assouplir les tanins. Après quelques années de garde, les arômes évoluent vers des notes de truffe, de tabac blond et de sous-bois, ce qui ouvre le champ à des accords plus subtils, comme une caille rôtie aux figues, un filet de bœuf aux champignons sauvages ou même une terrine de gibier.
Le blanc du Mas Jullien est souvent considéré comme l’un des plus grands blancs du Languedoc. Il résulte d’un assemblage original et local de carignan blanc, grenache blanc et gris, clairette, chenin et viognier, selon les années. Ce qui distingue ce vin, c’est sa puissance contenue, son équilibre remarquable entre volume et tension, et sa capacité à traverser le temps. À l’olfaction, on retrouve des notes de fruits blancs (poire, coing), d’agrumes (pamplemousse, zeste de citron), de fleurs (fenouil, camomille), de fruits secs (amande, noisette) et parfois une pointe miellée. En bouche, la texture est ample sans lourdeur, souvent marquée par une amertume noble, une salinité sous-jacente et une longueur remarquable.
Il s’agit d’un vin de gastronomie, qui excelle sur des plats précis, texturés, parfois complexes. Il accompagne à merveille les poissons de Méditerranée grillés ou rôtis, comme le loup, le rouget ou le saint-pierre, relevés d’huile d’olive, de fenouil ou de zestes d’agrumes. Une bouillabaisse légère, sans surcharge d’ail ni de piment, peut également constituer un accord de grande classe, tout comme un filet de turbot poché accompagné d’une mousseline de céleri et d’un beurre citronné. Mais le blanc du Mas Jullien trouve aussi sa place sur des viandes blanches ou volailles, à condition que la cuisson et la sauce respectent sa subtilité. Un suprême de volaille fermière aux morilles, un veau rôti aux herbes douces, ou une pintade aux agrumes constituent des compagnons idéaux. Le vin épouse aussi très bien les plats végétariens sophistiqués, comme un risotto au fenouil et au safran, une tarte fine aux oignons caramélisés et au fromage de chèvre, ou encore des gnocchis au beurre de sauge. Il est particulièrement intéressant de l’associer à certains fromages affinés à croûte lavée ou à pâte pressée cuite. Un vieux comté, un beaufort ou un gruyère suisse peuvent faire naître des accords à la fois crémeux, salins et minéraux. Le vin blanc révèle alors toute sa complexité dans un dialogue serré entre texture et arômes.
Ce blanc mérite une température de service légèrement plus élevée que la moyenne des blancs du sud : autour de 12-13°C, voire 14°C s’il est un peu âgé. Il gagne aussi à être carafé jeune, et peut se bonifier pendant plus de dix ans, gagnant en complexité oxydative maîtrisée, avec des notes de cire d’abeille, de fruits secs et de thé blanc.